Rions un peu avec Kevin Smith

Par Jérémie Borel

Ce fanfaron de Kevin Smith, réalisateur de Clerks, Mallrats et du récent (et consternant) Top Cop avec Bruce Willis, n’est peut-être pas le meilleur réalisateur du monde mais un excellent dialoguiste, un geek pur jus et, au final, un type avec qui on adorerait passer une soirée autour d’un bière pour l’entendre parler avec classe de culture alternative.

La vidéo ci-dessous à déjà fait plusieurs fois le tour du net, mais elle me fait tellement marrer, me met en telle joie qu’il serait criminel de ne pas vous la faire partager. Petite piqûre de rappel.

comic books et cinéma

Il n’y a pas si longtemps, avant qu’Hollywood ne soit atteint de frénésie vomitive en ce qui concerne les adaptations de comics en film (j’en parlerai dans une prochaine note), seuls des auteurs artistes, avec des “A” majuscules, étaient autorisés à appliquer leur vision sur les portages filmiques des super-héros de notre enfance. Tim Burton fut le premier avec la franchise Batman sous le sceau du gothique et de la noirceur; James Cameron allait faire Spider-man et on parlait du réalisateur de Usual Suspects pour donner vie aux X-Men.

Quand, en 1997, Warner Brothers décida de relancer la franchise Superman, les fans à travers le monde frétillèrent de bonheur.

Superman Reborn, dessin de production signé Sylvain Despretz

Après le flop de Mars Attacks!, Tim Burton (qui s’était déjà fait déposséder par la Warner de son Batman au profit du chantre du délire fluorescent crypto-gay, Joel Schumacher) se dit intéressé par le projet. Il était encore considéré à l’époque comme un génie à l’originalité bouillonnante et n’avait pas encore sombré dans la parodie de son propre style.
Nicolas Cage, fan notoire de comics, se dit partant pour interpréter Superman et Kevin Smith, le plus grand pourvoyeur du mot “fuck” dans la production cinématographique américaine (et fan ultime de l’homme de fer) fut engagé pour écrire le script.

L’annonce fit parcourir un frissonnement étrange sur la colonne vertébrale des fans (en gros, cela oscillait de “génial!” à  “what the fuck?!”)

Le film que vous ne verrez jamais

Heureusement ou malheureusement (c’est vraiment à vous de voir), SUPERMAN REBORN (c’était le titre) ne vit jamais le jour.

Au gré d’une des plus grotesquement longue et rocambolesque pré-production de l’histoire d’Hollywood, après avoir englouti 30 millions de dollars en storyboards, réécritures (le premier geste de Tim Burton quand il signa son contrat fut de refuser le script de Smith) et constructions de décors, le projet s’enfonça dans les limbes du Development Hell.

L’obstacle principal à l’aboutissement de cet ambitieux projet ne fut pas son budget jugé délirant (140 à 190 millions à l’époque), l’ego surdimensionné de sa star, ou encore une grève impromptue des scénaristes, non! C’était son producteur: John Peters.

Quand Kevin Smith raconte, lors d’une conférence universitaire, sa rencontre avec Peters, on comprend tout à coup pourquoi Superman mordit la poussière.

Cette vidéo (une variante, sous titrée en anglais est trouvable en deux parties ici et ici) est à se tordre de rire (franchement, je me tiens les côtes du début à la fin) mais fait également comprendre qu’il sévit à Hollywood des gens bien étranges, qu’on espère ne jamais voir s’échapper de leur cage.

A giant  f***ing spider!!!

(références: Première Mai 2002)

PS: Superman eu finalement droit à une suite, signée Bryan Singer (X-Men et X-Men 2) en 2006. Seul Kevin Spacey fut sauvé du casting original et le film eu des critiques pour le moins mitigées ainsi qu’une carrière très tiède. Plusieurs projets (Un Batman VS Superman que devait réaliser George Mad Max Miller et un nouveau remake/reboot) furent annoncés puis annulés depuis.