Le monde contre Scott Pilgrim
14/12/2010 2 commentaires
Par Jérémie Borel
Sur ma wishlist 2010 des films que je ne devais rater sous AUCUN prétexte, juste au dessous de Machete (au final, une grosse déception) et de Inception (ha ha! la toupie!) se trouvait Scott Pilgrim vs. the world.
Attendu comme le messie intergalactique par votre serviteur depuis des mois, le film de l’anglais Edgar Wright, déjà responsable des furieusement parfaits Shaun of The Dead et Hot Fuzz avec Simon Pegg et Nick Frost, fut repoussé en décembre en Europe alors qu’il était sorti en juillet aux USA où il se ramassa au box office. Il se plantera aussi ici, vu le regard interrogativement vide de mes interlocuteurs lorsque que je leur parle de ce film. Faut dire, il est en plein no man’s land médiatique, je n’ai encore pu lire aucune critique, vu passer aucune pub ou bande-annonce et dû faire le sacrifice d’un rein pour pouvoir poser mes yeux sur la chose le week-end passé dans la salle la plus miteuse de la ville à la seule séance de la journée. (Neuchâtel, ville maudite!)
Tout d’abord, pour mettre certaines choses au point:
1) Il ne s’agit pas ici de disserter une critique intelligente et argumentée des films que j’aurai vu (chose que je suis bien incapable de faire, vous l’aurez sans doute remarqué dans mes précédents posts sur ce site). Il ne s’agit que d’un petit feedback à chaud qui vous aidera peut-être (ou pas) à aiguiller votre prochaine descente au cinéma de votre quartier.
2) Je n’ai pas lu la bd de Bryan Lee O’Malley qui a inspiré le film, je suis donc bien couillonné pour vous parler de la réussite de l’adaptation.
Ceux qui ont lu ma première intervention sur MacBrains savent aussi qu’une adaptation vidéoludique complétement géniale de Scott Pilgrim est sortie en septembre sur le PSN et X-Box Live. La réussite de ce jeu éleva mes folles attentes au plus haut niveau au sujet du film. Mes espoirs cinématographiques furent-ils déçu comme d’habitude? Que nenni mes amis, Scott Pilgrim vs. the world C’EST DE LA BOMBE!!
1-UP
Le pitch: Scott Pilgrim est un branleur de 22 ans, vivant à Toronto, bassiste dans un groupe de rock garage avec ces potes. Il draguouille à tout va et sort avec une lycéenne trop jeune pour lui avant de tomber fou amoureux de Ramona Flowers, fille mystérieuse arrivant de New-York. Scott invite Ramona à sortir, seulement pour le faire il doit d’abord vaincre les 7 ex diaboliques de Ramona au cours de combats qui feraient passer les bastons de Matrix pour des chicanes de télétubbies narcoleptiques. Ca paraît stupide? Pourtant on ne s’étonne pas de voir des figurants se lever comme un seul homme à la caféteria du lycée pour entonner une chanson pop niaise en dansant comme des trépanés dans une comédie musicale, non?
Ce film est une fusion parfaite entre des références aussi diverses que la comédie romantique, le film d’action frénétique, le manga, le comics de super-héros et le jeu vidéo (époque 8 et 16 bits). On est dans le délire le plus total puisqu’on passe de scènes avec de jeunes adultes parlant amour et roulage de patin dans une pièce à des bastons homériques qui empruntent à Double Dragon, Dragon Ball Z ou Guitar Hero en un claquement de doigt. Edgar Wright réussit le pari insensé de traiter avec un tact touchant les premières et avec une énergie furieuse; un découpage exemplaire; une chorégraphie superbe et un sens du fun décomplexé parfaitement maîtrisé les secondes dans un équilibre parfait des influences qui font vibrer mon coeur de geek né dans les 80’s.
Perfect victory
Parlons des acteurs. Ils sont parfaits. Dès qu’on s’est fait à l’idée que Michael Cera (quasi inconnu chez nous, c’est une vraie star des comédies ados US où il joue plutôt les adolescents touchants et maladroits comme dans les géniaux Supergrave ou Juno) puisse tomber une fille aussi canon que Mary Elyzabeth Winstead (la pom-pom girl du Boulevard de la Mort de Tarantino!) l’alchimie entre eux fonctionne du tonnerre et l’un des seuls regrets que j’aurai à formuler serait qu’au final, il n’y a pas assez de scènes intimistes entre ces deux personnages. La relation Scott/Knives est plus touchante et plus réussie.
Les seconds rôles sont tout aussi bien servis, mention spéciale à Kieran Culkin (et oui, le frère -infiniment plus doué – de Macaulay) dans le rôle du colloc gay pince sans-rire et à Ellen Wong en lycéenne transie d’amour pour Scott. Caméos en pagaille et tronches démentes émaillent le film.
Bonus stage
Alors voilà: Traitement original, mise en scène faramineuse qui contient 100 idées par plan, bande son rock ‘n’ roll qui déchire tout, références tous azimuts, Scott Pilgrim est un grand délire hilarant et sincère super bien foutu qui ne nécessite absolument pas d’être un geek pour être apprécié (même si ça aide grandement) et qui peut se targuer d’être le premier video game movie réussit au monde!! (Il suffisait de ne pas se baser sur un jeu vidéo, en fait.)
Ce film ne mérite pas son plantage au box-office et l’anonymat sombre dans lequel il est maintenu à cause de l’incompétence notoire des costard-cravates marketeux qui n’arrivent pas à l’étiqueter selon leur logique obtue et simpliste. Courez, toute affaire cessante voir Scott Pilgrim vs. The world!!! Et n’écoutez pas le chant des sirènes obèses élevées aux blockbusters ricains ineptes qui vous parlent de cette nouille trop cuite d’Harry Potter courant dans les bois alors que tout le monde connaît déjà la fin de l’histoire (les mecs en blanc gagnent, les mecs en noir perdent), ce qui ne les empêche pas de payer deux fois.
Scott Pilgrim vs. the world (Edgar Wright 2010)
avec Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Ellen Wong, Jason Schwartzman, Chris Evans, Brandon Routh
Excellent film !!
La Culture G a l’état brut, c’est vraiment génial de voir que des gens osent faire des films comme celui-ci ! 🙂
Bonne critique 😉
Ping: Owen Allen (et Paris) « Macbrains