Trois films sinon rien
13/03/2011 2 commentaires
Par David Borel
Le moins que l’on puisse dire est que nous vivons une période faste pour les amateurs de cinéma. Après Black Swan (lire la critique de Jérémie), Tron et Arrietty (lire la brève que j’y avais consacré), voici trois films qui valent la peine d’un déplacement dans les salles obscures: The Fighter, True Grit et Rango
The Fighter
Racontant l’histoire vraie du boxeur Micky Ward et de son frère entraineur Dicky, de ses débuts difficile à son titre de champion du monde, The Fighter aborde avec brio des thèmes difficiles tels que le rapport à la famille, l’aveuglement d’une mère face aux problèmes de drogue de son fils, le succès et la compétition entre frères, la douleur d’un héros déchu (Dicky) et la force des liens au sein d’une fratrie.
Ces thèmes sont donc abordés sur une trame centrale qui raconte l’ascension de Micky Ward « malgré sa famille ». Les acteurs sont brillants: Mark Wahlberg a fait beaucoup de chemin depuis le temps où il chantait dans les New Kids on the Block et Christian Bale est méconnaissable tant sa transformation physique en junkie est poussée à l’extrême.
Vous n’êtes pas fan de boxe ? Rassurez-vous, moi non plus. Cela ne vous empêchera pas d’être pris dans l’histoire et de vous ronger les ongles pendant le match constituant le climax du film.
Un pur moment de grand cinéma, récompensé par 2 Oscars mérités (meilleur second rôle pour Bale et Melissa Leo). A voir absolument.
True Grit
Le Western est un genre « has been » sur lequel tout a été dit ? Qu’à cela ne tienne, les frères Coen s’attaquent au monument avec un remake du film éponyme de 1969 (100 dollars pour un shérif en français). Et comme à chaque fois, les Coen Brothers transforment l’essai.
Le film d’origine de 1969 avec John Wayne
Personnellement, je suis toujours impressionné de parcourir la filmographie des frangins et de n’y voir que des bons films, si ce n’est des chefs d’oeuvres (A Serious Man, No country for old men, O’ Brother, The Big Lebowski, Fargo, Miller’s Crossing, je m’arrête là, vous avez compris). Avec True Grit, ils livrent un western de facture classique tout en y apportant leur touche personnel: subtilité des personnages, fêlures, faiblesses, humour pince sans rire. A ce titre, la scène du concours de tir vaut à elle seule son pesant d’or.
Les acteurs sont tous parfaits et constituent une galerie de personnages savoureux, à commencer par Matt Damon en moustachu texan et l’immense Jeff Bridges (qui a tout de même plus de classe que John Wayne).
Un film à ajouter au tableau d’honneur des frères Coen, et à voir, assurément.
Rango
Prenez le réalisateur (Gore Verbinski) et l’acteur principal de Pirates des Caraïbes (Johnny Depp), des spécialistes de effets spéciaux (Industrial Light & Magic), Monsieur Hans Zimmer à la bande son, un scénario un peu barge (et largement inspiré de Chinatown, comme me l’a fait remarquer Jérémie), secouez le tout et servez frais. Le résultat: Rango, ou l’histoire d’un caméléon domestique qui se retrouve projeté dans un western déjanté.
Et pour un coup d’essai, on peut dire qu’ILM réussi un coup de maître et se propulse dans la cours des grands du cinéma d’animation. Indiqué avec un âge limite de 7 ans en Suisse, ce film excentrique présente une trame narrative bien ficelée, truffée de références (Dirty Harry, Don Quichotte, Las Vegas Parano, Le bon la brute et le truand, Three Amigos, La chevauchée fantastique) et plutôt adulte (il y a un nombre important de gun fights et même des morts).
Un seul conseil: courrez-y. Même si vous n’avez pas d’enfants sous la main.
Et un petit bonus en forme de scène coupée de The Fighter (via @iLaurent sur Twitter)
http://j.mp/eckgkE
C’est vrai que l’on surfe en ce moment sur une véritable voie lactée de grands films depuis février. Il faut encore compter « Winter’s Bone » avec Jennifer Lawrence et l’oscarisé « Le discours d’un roi » pour compléter le tableau.
« True Grit » est pour moi non seulement le plus grand film de l’année mais aussi le meilleur films des frères Coen depuis « Miller’s Crossing » (c’est dire le niveau stratosphérique). Ils ont cessé de faire un cinéma ostensiblement détaché, désillusionné et intellectuel pour faire un vrai Western au premier degré, humble et émotionnel. Une monstrueuse claque dans la gueule et un chef d’œuvre définitif. (Jusqu’au prochain…)