Même pas Cap


Les adaptations cinématographiques de comics ont le vent en poupe, ce n’est un secret pour personne. Et aux commandes de ce petit monde, Marvel dispose d’un réservoir quasi inépuisable de héros et d’aventures qu’elle exploite avec succès depuis une bonne dizaine d’années.

Quelques chiffres pour s’en convaincre ? Les X-Men (1,2 et 3) ont rapporté en moyenne 384 millions de dollars par film (pour un budget moyen de 136 millions), Iron Man 1 et 2 ont permis un retour sur investissement moyen de $ 434 million (budget moyen: $ 170 millions, revenu moyen: $ 604 millions) et Spider Man 3 a rapporté à lui tout seul 890 millions de dollars (pour un budget de $ 258 millions)*.

Bref, les films de super héros, ça rapporte gros (sauf Punisher qui a réussi à perdre 25 millions). C’est sans aucun doute le constat fait par les exécutifs de Marvel qui, ayant allègrement exploité les icônes phare de leur production, se sont mis à se creuser le neurone pour trouver un projet leur permettant d’acheter de plus gros Yachts.

Avengers Assemble !

Qu’y a-t-il de plus alléchant (et de plus prometteur commercialement) qu’un film avec un super héros ? Un film avec plein de super héros. Or il se trouve que le catalogue Marvel recèle d’arcs narratif relatant les aventures d’un groupe de héros appelés les Vengeurs (Avengers in english). « Banco!  » se sont écriés en choeur les directeurs de Marvel, la bave aux lèvres devant tant de revenus potentiels, « Nous allons faire un film par personnage et ensuite les réunir tous dans une méga production ».

Le résultat jusqu’ici ? Thor et Captain America…

Permettez que je glisse comme limace sur verglas sur le premier et que je déverse ma bile sur le second. Car c’est l’objet de cet article, après tout.

Scout toujours

Si vous ne connaissez pas Captain America, imaginez un boy scout de 2 mètres en juste au corp bleu, avec des bottes à revers et… un bouclier portant la bannière étoilée.

Voilà, vous savez tout ce qu’il y a à en savoir. Car Captain America n’a pour lui que le fait d’être le premier personnage a avoir été créé par Marvel. En dehors de cela, point de message du genre « avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités », point de fêlure du type « je suis l’homme le plus intelligent et riche du monde, j’ai une armure qui vole mais aussi un sérieux problème de boisson et de sociabilité », ni même de pseudo profondeur mythique comme « je suis le dieu du tonner, fils d’Odin, mais je n’arrive pas à emballer au premier rendez-vous ».

Rien. Nada. Que pouic.

Vous pouvez lire tous les arcs narratifs de Captain America (et j’en ai lu ma part), ce héros est aussi lisse qu’une piste de curling, aussi monolithique qu’un carambar et aussi profond qu’une BD de Martine.

Alors quand l’équipe (très nombreuse mais néanmoins au complet) de MacBrains est aller voir le film lui étant consacré, les pire craintes m’habitaient. Comment un film sur un personnage qui n’a de raison d’être que par ceux qui l’entourent (voir Civil War) peut-il donner quelques chose d’intéressant (qui plus est lorsqu’il n’est pas entouré)?

Once upon the time

J’avoue que la première partie du film m’a captivé. La genèse du Captain, fidèle aux écritures marvelliennes, se laisse regarder (l’immense Tommy Lee Jones, le décidément très méchant Hugo Weaving et la croquante Hayley Atwell n’y étant pas totalement pour rien). La première action du super soldat (sans costume ni bouclier) est totalement réussie. L’idée de ses débuts « opérationnels » comme collecteur de fonds pour l’effort de guerre est carrément brillante.

Puis arrive le milieux du film. On passe aux « choses sérieuses », Captain America passe à l’action et l’intérêt des spectateurs l’arme à gauche. Oui, ce film qui avait si bien commencé, qui recèlerait tant de trouvailles, bascule dans une panouille tout juste digne du film de 1990 (cf Hollywood et les comic book movies).

Dialogues lourdingues (« Mais qui êtes-vous ? », « Je suis Captain America »… j’ai pouffé), scènes d’action boliwoodiennes (mention spéciale à la poursuite en moto…), partie de frisbee et trauma larmoyant (le meilleur amis mourant dans le feu de l’action). C’est lourd, c’est moche et c’est indigeste au point que l’on se demande si Joe Johnston n’a pas laissé la réalisation de la fin de son film au type qui faisait les cafés, histoire d’aller manger un pizza 4 fromages en regardant le foot.

Bad to the bone

Un bon film d’action c’est avant tout un bon méchant (enfin un méchant méchant mais bon dans le sens qu’il est vraiment méchant… enfin, je me comprend). Et le méchant de ce film c’est… la 3D !

J’avoue, je n’aime pas la 3D. Je l’exècre, même. Mais là, franchement, elle n’apporte RIEN. Pas un seul plan qui en tire partie, ce qui est tout de même assez fort pour un film d’action. En plus, elle rend l’image floue et sombre. Non, s’il vous plaît, je veux bien que vous majoriez le prix de vos films, là, mais arrêter avec cette manie de mettre de la 3D partout. Sur un film sans épaisseur, ce n’est pas la 3D qui va donner de la profondeur aux personnages…

Ah oui, il y a aussi un méchant nazi qui a trop pris le soleil sans écran total, mais il est anecdotique puisque ce n’est pas lui qui a raison du héros. Non, le personnage le plus dangereux du film, le seul qui mette Captain America en échec c’est… le pilote automatique (on y apprend au passage que les allemands écrivaient leurs tableaux de bord en anglais). On se croirait dans un film d’Abrahams et Zucker sauf qu’eux ils faisaient exprès d’être absurdes.

Bref, un zéro pointé pour ce navet qui, je l’avoue, ne présage rien de bon pour les Vengeurs et le futur des adaptations de comics Marvel. Cet univers aurait-il donné ce qu’il a de meilleurs (X-Men: First Class)? Ne serait-il pas temps de passer à autre chose ?

* * *

* chiffres tirés de l’IMDB, of course.

Dans les même saveurs, le patron vous propose:

À propos MacBrains
David Borel Responsable Marketing dans une société spécialisée en Veille technologique, j’ai fatalement succombé au charme des produits Apple il y a plus de 10 ans. Cela m’a conduit à fonder MacBrains.info afin de partager cette passion mais aussi de parler de technologie, d’information, de design, de photo et de cinéma. > Pour en savoir plus

8 Responses to Même pas Cap

  1. dorktales says:

    C’est vrai que ce film à plus le goût d’un prologue aux futurs Vengeurs que d’un vrai film d’action épique qui tient la route sur toute la distance.

    Comme toi, j’ai apprécié la première heure. Personnages et enjeux habillement posés, design steam punk très « mike mignolesque » sympa, méchant prometteur, caméo réussi (papa Stark fait même plus qu’une simple apparition), excellentes idées (l’utilisation de Cap à des fins de propagande) et liens avec le reste de la mythologie marvelienne intelligemment integrés à la narration (le cube cosmique d’Odin)…puis patatras: Tout se casse la gueule dans une seconde partie brouillonne qui manque d’ampleur et d’enjeux. La fausse bonne idée est peut-être d’avoir adoptée une narration épisodique (le film se déroule sur toute la durée de la 2ème guerre). On a l’impression de voir les résumés pré-générique d’un épisode de Wonder Woman. Le méchant est relégué au placard (clignez des yeux et vous ne le voyez plus) et le héros manque cruellement de charisme. Oserais-je ajouter que la fin pue salement de l’entrejambe…

    Encore une « origin story » en demie teinte qui vaut malgré tout mieux que Thor ou Iron Man 2 mais qui n’arrive pas à la cheville des premiers X-Men ou de Iron Man.

  2. Professeur Van Stoorwan says:

    J’ai préféré « Captain America » à Thor, qui demeure cependant magnifique. Mais c’est vrai que les scénarios de ces deux films ne sont carrément pas à la hauteur, ce qui est quand même impardonnable pour le réalisateur Kenneth Brannagh (Hamleth, quand même !).
    Hollywood n’a plus d’idées, le vrai cinéma, c’est la télévision avec Game of thrones ! 🙂

    • MacBrains says:

      Il est vrai que, alors qu’Hollywood traine la misère avec de pauvre scénarios bien moisis, les séries sont une véritable mine d’idée.

      J’avoue ne pas avoir encore attaqué GoT… non Jérémie, ne me regardes pas comme ça…

      • Jérémie says:

        Le problème c’est pas tant le réalisateur mis aux manettes de ces films (Branagh et Johnston sont des mecs très capables) mais les scénarios pathétiques sur lesquels ils travaillent…Le département « scénariste » est visiblement le seul sur lequel on rabote les frais à Hollywood.

        David, honte sur toi. The winter is coming…

  3. figatellus says:

    c’est le problème de ces films qui ont le cul entre deux chaises:
    ils doivent plaire à la fois aux fans hardcore de comics et aux novices les plus complets de l’univers Marvel qui veulent juste un film d’action.

    Résultat: le grand écart est impossible et y a craquage de slip.

    Comme vous, je trouve la première heure très bien et la fin ratée.

    • MacBrains says:

      « y a craquage de slip », j’adore cette expression 😀

      Il est certain qu’en voulant satisfaire tout le monde, les fans se sentent intellectuellement insultés.

      J’aimerais bien avoir l’avis d’un novice sur ce film, que quelqu’un qui ne connait rien aux comics et qui nous donne son appréciation de ce film.

      On a ça dans la salle ?

  4. Ping: Captain America et la recette Marvel | Macbrains

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