Adieu
14/10/2011 6 commentaires
Jeudi 6 octobre. Je me réveille paresseusement dans la lumière douce de l’automne du sud de l’Italie. Les enfants jouent déjà dehors. Je me lève, prend une douche rapide et enfile des habits d’été qui, en suisse auraient déjà rejoint leurs quartiers d’hiver.
Le soleil tape déjà dur, la table du déjeuner est dressée. Une superbe journée de vacances en perspective.
Entre une tartine au miel et une gorgée de café, mon iPhone émet un petit bruit. Je sursaute légèrement. Etant volontairement totalement déconnecté d’Internet depuis le début de mes vacances, ce son ne peut signifier qu’une seule chose: l’arrivée d’un SMS.
Priant les convives de m’excuser, je jette un œil à l’écran noir de mon smartphone. Dans la bulle de notification, trois lettre gravent un message aussi court que douloureux: RIP
Je comprend aussitôt le message envoyé par mon correspondant mais demande tout de même une confirmation qui m’arrive quelques secondes plus tard:
Steve Jobs est mort.
Aussi incroyable que cela paraisse, le premier sentiment qui se présente à moi n’est ni la surprise, ni la tristesse. Sa maladie était connue de longue date et son récent retrait d’Apple ne pouvait signifier qu’une seule chose: l’approche de la fin.
Mon premier sentiment est le soulagement. Celui d’être loin de tout réseau, de toute connexion et donc de ne pas avoir à subir l’avalanche d’hommages et de nécrologies qui est de façon certaine en train de déferler sur le Net. Tout le monde doit y aller de son avis sur sa vie, son oeuvre et son héritage, même ceux qui ne s’y sont pas intéressé plus que cela avant que le co-créateur d’Apple ne devienne un « people ». Lire des poncifes ad nauseam serait au dessus de mes forces. Je ne lirai que ceux que j’aurai choisi, ceux dont l’avis m’intéresse, à mon retour.
Je lance un rapide message sur Twitter, histoire surtout de signaler que je suis au courant et ainsi éviter tout nouveau message à mon adresse, et coupe toute connexion pour le reste de mes vacances.
Plus tard, les pieds dans la mer, regardant mes enfants se fabriquer des souvenirs dans le sable de la méditerranée, je m’interroge sur la position de Steve Jobs dans mon Panthéon personnel.
Si il a contribué plus que tout autre à la création de l’homo numericus que je suis au travers des fantastiques produits qu’il a mis sur le marché, Steve Jobs n’était pour moi ni un gourou, ni un maitre à penser, ni même un mentor. Il était (et le restera) l’un des pères fondateurs de l’informatique moderne et, partant de là, l’un des fondateurs de ce que je considère comme ma culture, le monde dans lequel je vis: l’ère numérique.
Je me rends compte que Les Macs, les iPods, iPhones, iPads, iTunes et autres OS X, n’ont pas vraiment d’importance au moment où il quitte cette vie. Ce pour quoi il restera dans ma mémoire c’est avant tout sa capacité à prendre du recule et voir l’image dans son ensemble alors que tout les autres n’en apercevaient qu’un petit bout.
Steve Jobs n’était qu’un homme comme les autres. Au moment de disparait, seul la trace qu’il laisse derrière lui est différente. En quoi l’est-elle au juste ?
Il a su vivre sa vie selon ses propres règles, sans concession. Tout le reste n’est que bavardages futiles.
Un homme est mort, il s’appelait Steve Jobs.
Adieu, et merci.
très bel article, merci.
Merci.
Très beau témoignage de cette journée.
Pour ma part j’ai aussi été bouleversé au moment où j’ai pris conscience de l’apport de cet homme et d’autres (Gates, Ritchie, Kleinrock, Cerf, Torvalds, Stallman, …) aux fondamentaux de notre vie numérique actuelle.
Si ils n’avaient pas fait toutes leurs actions, les ordinateurs ne seraient encore réservé qu’aux entreprises avec des monstres occupant tout une pièce.
Quel métier ferais je si ils n’avaient pas fait tout cela? Comment le monde tournerait aujourd’hui sans les ordinateurs personnels? Qu’aurais je eu entre les mains au noel de mes 8 ans?
A présent je pense que nous avons eu la chance d’être contemporain à ces personnes même si deux viennent de nous quitter (Jobs et Ritchie).
A nous de témoigner cela pour les futurs informaticiens.
Oui, on oublie un peu vite que Jobs n’était pas seulement une bête de scène du 21e siècle. C’était avant tout un type qui, dans son garage avec d’autres précurseurs, a mis en forme les premiers outils d’une technologie qui a révolutionné le monde du travail et le monde tout court: la micro-informatique.
Et lorsque je dis le considérer comme l’un pères fondateurs de l’ère numérique que nous vivons, c’est sur un pied d’égalité avec ceux que tu cites.
Nous avons en effet eu de la chance de vivre cette époque-là.
Rien d’autre à ajouter 😦
Mentor, un peu si, pour moi. Pour justement cette qualité principale de se battre pour ces idées, et de croire en sa propre capacité de synthèse et de prospective.
J’aime beaucoup l’intro de cette article.
Ma’ Taré