iWatch the future
14/05/2013 6 commentaires
Depuis quelques temps, le Web bruisse de murmures concernant une hypothétique-éventuelle-future iWatch avec laquelle Apple serait sur le point de révolutionner le monde de l’horlogerie.
This is a revolution (ou pas)
Si vous le voulez-bien, nous passerons comme une savonnette sur une toile cirée sur la capacité de la firme à la Pomme à révolutionner un secteur de l’activité humaine vieux de 11 siècles (et qui a, de plus, connu plusieurs révolutions technologiques majeures). L’horlogerie n’est pas la téléphonie mobile ni l’informatique. C’est une industrie hautement segmentée (montres mécaniques, automatiques, à quartz), avec des marques de luxe fabricant des produits porteurs de valeurs allant bien au-delà de la fonction première des objets qu’elles produisent. En fait, penser qu’une iWatch changera à jamais l’industrie horlogère revient à penser que Renault lançant sa Logan a fait de l’ombre à Ferrari, BMW et Aston Martin.
En réalité, Apple pourrait plutôt (re)définir un segment bien précis, celui des montres « intelligentes » (smartwatches en bon français). Ce segment, à l’image de ceux qu’Apple a su modeler et capturer dans d’autres domaines, est à peu près dans l’état où se trouvait les baladeurs numériques à l’arrivée de l’iPod ou celui des smartphones lors de l’annonce de l’iPhone. Des produits imparfaits existent (Pebble, Sony SmartWatch, I’m Watch, MetaWatch et j’en passe) et des usages se dessinent, mais la fusion des deux en y ajoutant une « expérience utilisateur » innovante reste encore largement à faire.
La recette Apple
Une fois posé ce constat, il est légitime de se demander comment Apple va s’y prendre pour mettre le zouc dans le petit monde bien propret des smartwatches. Et bien je vous parie 2 barils de Le Chat Machine contre un d’OMO qu’elle va appliqué la recette éprouvée avec ses autres iMachins:
(Produits existants – interfaces pourris)
+
technologies existantes mais non appliquées dans ce secteur
=
Eureka
En gros, on regarde ce que les produits existants font (mal), on fait son petit marché dans les technologies de pointes, on mélange en secouant avec doigté et on recouvre le tout d’une jolie couche de design et d’ergonomie. Et en matière de technologies de pointe, Apple n’a qu’à se servir dans son portefeuille de brevets bien garnis.
« And boy have we patented it »
Vous croyez que je sors tout cela de mon esprit tordu ?
Et bien détrompez-vous car Apple y a pensé depuis bien longtemps. En fait, la firme à la Pomme a tellement bien fait les choses qu’elle mentionne régulièrement les montres comme champs d’application de ses technologies brevetées, et cela depuis 1997 !
Du coup, elle dispose de plus de 200 brevets (203 pour être précis comme une montre suisse) dont les montres sont une application déclarée.
A titre de comparaison, le portefeuille de brevets mentionnant les montres comme application des principaux concurrents (actuels) d’Apple est de 268 pour Sony, de 203 pour Samsung et de 30 pour Google. Un rapport de force plutôt équilibré, donc.
La surprise du chef
Mais que peut bien nous réserver Apple sur ce coup là ? Une interaction poussée avec ses iDevices semble évidente (voire même une version dédiée d’iOS), de même qu’un écran tactile (une dimension qu’elle a déjà explorée dans les anciens iPod nano).
La surprise du chef pourrait bien venir du brevet US 6359550 déposé par Nortel Networks Corporation (Canada) en 1999 et racheté par Apple le 25 juillet 2012.
Extrait du registre Inpadoc permettant de tracer la « vie juridique » d’un brevet.
Ce document portant le titre « Personal communication device and call process status signalling method« , protège l’utilisation de messages tactiles pour informer l’utilisateur d’événements particuliers. En résumé, il s’agit d’intégrer une interface haptique dans une montre, non pas dessus (écran) mais dessous !
Une matrice de stimulateurs est associée à un dispositif de communications personnel pour fournir à l’utilisateur des messages tactiles sur le traitement d’appel ou l’état du réseau de communication.
La matrice est positionnée sur le dispositif de manière à être en contact avec l’utilisateur pendant que le terminal est transporté ou porté sur un poignet, par exemple.
Les stimulateurs de la matrice, sont activés de manière indépendante de façon à fournir à l’utilisateur un message codé de processus d’appels tels que l’alerte, la tonalité, le signal occupé, etc
De préférence, chaque état est associé à une configuration unique de fonctionnement des stimulateurs, reconnaissable par l’utilisateur comme image tactile.
Idéalement, des signaux audios et haptiques sont synchronisés pour fournir un signal tactile à l’utilisateur qu’un signal audio est imminent, et de ce fait permettre d’utiliser le signal audio à un niveau inférieur.
Ainsi, le seuil audio pour la signalisation efficace est réduite et la nuisance de signalisation audio dans les lieux publics peut être réduite.
Traduction libre du résumé du brevet EP 0866592 (équivalent européen), googletranslatée par mes soins.
En résumé, la face de la montre en contact avec la peau est munie de « stimulateurs » (n°14 sur les schémas ci-dessous, très subtilement mis en rouge).
Les dits stimulateurs peuvent également être disposés sur le bracelet.
Ensuite, par exemple lors que l’on reçoit un appel, avant de déclencher la sonnerie, l’interface haptique va activer les stimulateurs d’une certaine manière qui soit reconnaissable par l’utilisateur. Dans l’exemple ci-dessous, les stimulateurs 1 à 4 de la figure 1 entrent en action l’un après l’autre: Première sonnerie, le stimulateur n°1 s’active. Seconde sonnerie, le n°1 est rejoint par le 2, et ainsi que suite jusqu’à ce que tous les stimulateurs soient activés.
Autant vous le dire tout de suite, cette idée est géniale. Je l’expérimente déjà à un niveau basic avec ma Pebble: mon iPhone est sur silence depuis un mois, ma Pebble vibre gentiment à mon poignet lors de l’arrivée d’un appel et je ne manque plus aucune communication.
Génial, je vous dis. Et là, le brevet acheté par Apple va permettre un nombre beaucoup plus important d’interactions avec sa smartwatch / son iPhone car le nombre de « patterns » tactiles sera beaucoup plus important (et subtile).
Finalement, c’est comme si votre iPhone vous tapotera discrètement sur le bras pour attirer votre attention plutôt que de siffler aux oreilles de tout le monde.
La voilà la « killer feature » de la future iWatch. Mais elle sort quand ?