le trop dark knight et le pas assez super man

Plus grand démarrage de l’histoire (166 millions pour son premier week-end) et pourtant l’une des pires critique pour un film de super héros, Batman V Superman : l’aube de la justice, aussi imparfait soit-il, ne mérite vraiment pas le tombereau de merde qui lui tombe dessus depuis sa sortie. Le film semble payer pour tous les blockbusters médiocres qu’Hollywood nous a pondu ces dernières années et qui avaient bénéficié de l’indulgence des fans. Totalement étrillé par toute la critique, ce crossover Batman/Superman nous a fait, à MacBrains, plutôt bonne impression.

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Laissant au brutal Zack Snyder non seulement la réalisation du reboot de Superman Man of Steel et de cette suite/spin off mais aussi le rôle de gardien du temple de tous les films de son univers ciné à venir (job identique à celui de feu-Joss Whedon pour Marvel), la firme DC Comics a pris le contrepied de son concurrent de toujours en décidant de se positionner dans un axe moins « comédie légère/personnages kékés/punchlines/couleurs fluo » et plus « dark/adulte/filtre bleu/postures iconiques/on questionne la légitimité des supers héros ». Choix intéressant mais Snyder, réal capable du pas mal (Watchmen)  comme du pire (Sucker Punch), se sort de l’exercice avec difficulté.

Noyauté par les mémos des producteurs et du département marketing de Warner, Batman V Superman souffre clairement du syndrome « qui trop embrasse mal étreint » puisque non content d’essayer d’être la suite de Man of Steel (2013), il introduit le « nouveau » Batman sous les traits de Ben Affleck, caméote Wonder Woman, tease tous les futurs membres de la Justice League et amorce un arc scénaristique dans un vaste univers menacé par un nouveau méchant; le tout avec la finesse d’un mammouth beurré au mescal. Ça fait beaucoup d’indices, de personnages secondaires, de scènes cryptiques avec des rêves et des voyages temporels pour un film censé se concentrer sur deux héros emblématiques. On sent que, ayant des années de retard par rapport à Marvel, DC a décidé de mettre les bouchées doubles pour introduire le maximum de nouveaux personnages en un minimum de temps afin de préparer un raz de marée de films (Wonder Woman et Aquaman sont déjà en chantier) qui vont nous occuper jusqu’en 2020…si on ne meurt pas d’indigestion avant! Au moins Marvel avait pris le temps de présenter chacun de ces avengers avant de les lancer dans un gigantesque pugilat en 2012.

Ressemblant à une gigantesque bande-annonce, BvS s’avère assez bancal. Au-delà de la capacité de Snyder à faire de belles images (constante chez lui), son manque de subtilité, ses choix narratifs parfois étranges (Batman qui mitraille à tout va, marque ses ennemis au fer rouge), son pillage maladroit de trop de scènes du Dark Knight Returns de Frank Miller et de Death of Superman sans en saisir les enjeux ni en présenter correctement le contexte sont horripilants. Néanmoins, sa tentative d’insuffler une orientation adulte à son métrage est tout à fait estimable (Christopher Nolan est à la production, on se rappelle les touches malickiennes qui constellaient Man of Steel); certains de ses plans sont superbement iconiques et ses rares scènes d’action sont plutôt bien troussées car filmées sans ralentis gratuits et avec moins de shakycam qu’à l’accoutumée. La toute première scène du film qui montre un Bruce Wayne s’avançant au milieu des gravats  fumants de Metropolis pendant le combat entre Superman et Zod convoque une imagerie assez brutale du 11 septembre et est réellement impressionnante. Le casting quant à lui est excellent. Jeremy Irons joue un Alfred très distancié et ironique; Gal Gadot est parfaite en Wonder Woman et Jesse Eisenberg fait un cosplay de Max Landis tout à fait jubilatoire. S’il faut également louer la performance de Ben Affleck dans le costume du caped crusader, bien meilleure que ce que le bad buzz du net nous avait laissé croire, son Batman phagocyte beaucoup trop l’histoire et il ne reste plus que quelques miettes à Henry Cavill, Superman semblant en retrait par rapport à son homologue de Gotham. Pour un métrage de 2h30 censé être un Man of Steel 2, ça fait tout de même bizarre.
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En résumé, un blockbuster aux thématiques passionnantes, se prenant très au sérieux, qui essaye de jongler avec un peu trop de balles à la fois et qui, malheureusement, prépare sans ménagement le spectateur à tout un DC Cinematic Universe qui va sans nul doute me provoquer une remontée acide carabinée bien avant que la mode des super héros ne soit passée. Il ne mérite tout de même pas la volée de bois vert qu’il se prend. Soyons francs, c’est toujours bien mieux que les derniers films Marvel faits à la photocopieuse. Là.

Batman V Superman : l’aube de la justice
Zack Snyder (2016), sorti depuis le 23 mars
Écrit par David S. Goyer et Chris Terrio
Avec Henry Cavill, Ben Affleck, Jesse Eisenberg, Amy Adams, Gal Gadot, Jeremy Irons, Diane Lane, Lawrence Fishburne, Holly Hunter

Captain America et la recette Marvel

Hé, non, on a pas lâché l’affaire. A MacBrains on continue bien à aller voir tous les films Marvel qui sortent, seulement vu le niveau d’indigence des bouzins depuis un certain temps, on était un peu accablés et pas forcément trépignants à l’idée d’écrire sur le sujet. Avec la sortie de Captain America: Le soldat de l’hiver de Anthony et Joe Russo notre motivation est un peu revenue. Un peu. Constat sur le run frénétique que pratique Hollywood avec les super heroes movies.

Avengers assemble

Avengers aurait dû être un accomplissement filmique révolutionnaire, un grand film choral mettant en scène la crème des super-héros dans l’un des blockbusters les plus onéreux jamais produits. Après cinq films de présentation pour chacun de leurs personnages, Marvel achevait sa « phase 1 » avec le plus grand pétard mouillé de l’histoire du cinéma. J’en ai encore mal à la tête.

Confié à Joss Whedon (Buffy contre les vampires, les gars…) le grand crossover épique qui aurait dû rabaisser Avatar au rang d’épisode de Joséphine ange-gardien ne fût qu’une vaste déception. Incapable de créer un enjeu quelconque, comme un antagoniste crédible ou une vraie menace, Whedon enferme le super cool Iron Man, le dieu nordique surpuissant Thor, Captain America fraîchement décongelé, le potentiellement super dangereux Bruce Banner, la super bien balancée veuve noire, le super heu…enfin Hawkeye, Nick Fury et Maria Hill dans un gros vaisseau pendant la moitié du film, leur faisant débiter des punchlines ineptes (« ce mec joue à Galaga ») dans des scènes même pas dignes de Friends et les obligeant à réparer une turbine de réacteur durant 20 minutes. Pendant ce temps-là, le grand méchant du film (Loki, le frère fielleux de Thor qui fait peur comme un marshmallow) accouche d’un plan génial: voler le cube cosmique d’Odin (appellé dans ce film le Tesseract) et préparer le terrain à une invasion d’aliens génériques en se faisant emprisonner puis en mettant en pétard et en rassemblant dans la même pièce les super-héros les plus puissants du monde, seuls êtres capables de lui casser la margoulette en deux coups de cuiller à pot. Ce qu’ils font. Inutile de dire que le happy end arrive rapidement et sans beaucoup d’efforts mais avec beaucoup d’incohérences (Hein, quoi? Bruce Banner peut devenir Hulk quand il veut?)

"Alors comme ça ton super plan c'est de rassembler les plus grands héros de la terre pour te casser la gueule..."

« Alors comme ça ton super plan c’est de rassembler les plus grands héros de la terre pour te casser la gueule? »

"..."

« … »

Ce film est néanmoins un vrai plaisir coupable mais qui tient plus de la comédie potache que du grand crossover épique ultime. Cruelle déception pour qui attendait ce film depuis l’épilogue de Iron Man en 2008…

La « phase 2 » que Marvel mit en route dès 2012 (vous avez compris le principe, hein. Entre chaque Avengers, Marvel produit un film sur chacun de leur héros dans une aventure séparée) avec Iron Man 3 et Thor 2: Le mondes des ténèbres confirmèrent mes pires craintes: malgré la présence de pointures du scénar (Shane Black sur Iron Man) ou d’artisans capables (Alan Taylor sur Thor), les films Marvel ne sont au final que de médiocres actioners affreusement génériques et bas du front, à la production design paresseuse et aux concepts racoleurs jamais traités, incapables de faire plus qu’effleurer la psychologie et les fêlures de leurs personnages (chose que les comics ont réussis à faire depuis longtemps avec, par exemple, l’alcoolisme de Tony Stark).

Pire que ça, et là, à mes yeux c’est un pêché mortel: Marvel est totalement incapable (ou s’en fout complétement, c’est aussi possible) de rendre son univers cohérent. Chaque film est cloisonné et aucun super-héros ne viendra prêter main forte à un collègue dans un film qui n’a pas son nom sur l’affiche. Même si l’intrigue le permet, voire l’exige, aucune intervention du S.H.I.E.L.D. dans Iron Man 3. Jamais, alors que l’on parle de malveillance informatique, de clé de cryptage et d’armes de guerre super sophistiquées dans le nouveau Captain America on ne pensera à appeler Tony Stark dont c’est le domaine d’expertise. Que fout Oeil de Faucon entre deux Avengers? Personne ne sait. Il doit gagner des prix à la foire d’archerie de Saint-Alban-sur-Limagnole, qui sait.

On est donc fortement abattu à MacBrains avec cette formule « happy meal for kids » qu’on nous ressert à tout bout de champs. C’est la paupière tombante, traînant les pieds et pestant contre la 3D imposée que nous sommes allés voir Captain America: Le soldat de l’hiver. Quelle ne fût pas notre surprise de découvrir un film qui, s’il n’est pas un chef d’œuvre (oulà, faut pas déconner non plus!), s’avère être une très bonne surprise et l’une des toutes meilleures livraisons de la maison à idées.

(Pardon pour cette exposition particulièrement longue et fastidieuse)

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America, f**k yeah !

Steven Rogers, super soldat boy scout patriotard congelé à la fin de Captain America: The first Avenger (lire la critique ici) est réveillé 70 ans plus tard par la super unité d’espionnage du S.H.I.E.L.D. Le pauvre est bien marri puisque tous ces amis sont morts, la guerre est finie depuis perpète et au 21ème siècle il est bien plus difficile de savoir qui sont les gentils et qui sont les méchants…sans compter qu’il a du retard à rattraper au niveau télé (25 saisons d’Amour, Gloire et Beauté et tout 17 ans et Maman sur MTV). Après le événements d’Avengers, Captain America travaille désormais pour le S.H.I.E.L.D. mais découvre rapidement que cette organisation à un côté sombre…

Dans un monde post-onze septembre où l’on ne peut plus reconnaître ses ennemis à leurs uniformes, au milieu des conglomérats économiques, des magouilles politiques, des agents doubles, des drones, du cyber-espionnage et du terrorisme, toutes les frontières sont brouillées. Quand le S.H.I.E.L.D. se propose de prévenir le crime avant que celui-ci ne soit commis, s’agit-il encore de sécurité nationale ou de terreur à la Minority Report? Steve Rogers est en proie à un dilemme éthique. Que peut faire un type seul, armé d’un bouclier et d’un costume d’Halloween contre le monde moderne? Où est sa place? A qui peut-il faire confiance et en quoi peut-il croire?

Le métrage des frères Russo (connus jusque là pour leur travail tv tels Community ou Arrested Development) ne passe que superficiellement sur à peu près toutes ses thématiques…mais c’est toujours mieux que rien.

Plutôt que de proposer des péripéties légères et teintées de vannes comiques, Captain America: le soldat de l’hiver joue plutôt la carte du thriller/film d’espionnage ce qui est une excellente idée. Mais l’action n’est pas en reste. Si Steve Rogers enquête (on dirait le titre d’un magazine pour ados des années 50), il assume aussi beaucoup mieux son statut de super héros que ses petits collègues qui tchatchent au lieu de distribuer des mandales (hum hum Tony Stark). Le métrage est émaillé de scènes d’action nombreuses et assez jouissives avec des empoignades fluides et badass à peine entachées parfois par une shaky cam malvenue. Mention spéciale à la scène d’ouverture sur un bateau et à un pugilat très réussi dans un ascenseur. Seule la scène d’action finale, bourrée de FX bof et de grosses explosions, a un goût de réchauffé.

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« Ah mais heuuuu! C’est à moieuuu… »

Scénaristiquement, le film échoue à transcender son matériau de base mais fait l’effort honorable d’esquisser (comme ça, en creux, entre deux explosions) des émotions. Si, si. Il donne enfin un peu d’épaisseur au personnage de Natasha Romanov et plus de deux lignes de dialogues à Samuel L. Jackson pour faire exister Nick Fury. Il tente également une confrontation empruntée d’amertume et de nostalgie entre Cap’ et son doppelganger maléfique venu du passé, le fameux soldat de l’hiver. Certaines scènes ratées, telles les retrouvailles entre Steve et l’amour de sa vie, Peggy Carter (Hayley Atwell qui a piqué la prothèse faciale de Guy Pearce dans Prometheus) auraient pu être, sur le papier du moins, vraiment magnifiques.

Pas de surprises ébouriffantes donc, ni même de grands moments mais un des tout meilleur film de l’écurie Marvel…en tout cas le moins indigent depuis trop longtemps. les frères Russo, s’ils suivent un peu trop la « recette Marvel » instaurée par l’inepte Kevin Feige, s’en sortent avec les honneurs et ne bousillent pas la franchise (on ne peut pas en dire autant des collègues). Captain America garde sa dignité jusqu’au bout, sans doute grâce aux éléments amenés par le premier film, réalisé par Joe Johnston, qui n’était pas le sale étron racoleur et putassier qu’on veut bien nous faire croire.

Voilà, entre deux épisodes de Game of Thrones, vous pouvez clairement donner sa chance à ce soldat de l’hiver. En attendant qu’ Edward Wright (Shaun of the Dead, Hot Fuzz et le sublime Scott Pilgrim VS The World) n’appose son génie sur Hank Pym, alias Antman, le super héros qui rétrécit et qui parle aux fourmis. Des promesses…

Captain America 2: Le soldat de l’hiver (2014)
de Anthony et Joe Russo, avec Chris Evans, Scarlett Johansson, Samuel L. Jackson, Robert Redford, Colbie Smolders, Anthony Mackie, Sebastian Stan, Frank Grillo, Toby Jones

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