Votre iPhone 3G est tombé dans l’eau, une rangée de pixels défaillants est apparue sur votre iPad 1 ou la batterie de votre MacBook Air de première génération donne des signes de faiblesse et vous n’êtes même pas fâché ? Pire que cela, vous vous en réjouissez ? Alors vous êtes victime d’un nouveau syndrome touchant les consommateurs avides de nouvelles technologies: le « Gadget death wish ».

Photo: « iPhone Dead » by Nathan Borror
En bref et en résumé, le « Gadget death wish » (« Désir de mort du gadget » en français) est une tendance constatée par Rob Walker dans un article paru dans Atlantic Magazine consistant à espérer la mort de nos gadgets afin de nous donner une bonne excuse d’en acheter de plus récents.
Voilà une curieuse évolution du concept d’obsolescence programmée puisque le « Désir de mort du gadget » vient cette fois de la demande et non de l’offre.
L’article de Walker expose le cas des téléphones mobiles comme étant emblématique du phénomène. Un américain moyen en change tous les 18 mois et ce n’est pas parce que l’ancien est hors d’usage.
« […] Only 18 percent of the phones the company collects are “beyond economic repair,” and thus broken down to recyclable parts. The rest either work fine or can easily be refurbished and put right back into the marketplace. The problem, if that’s the right word for it, is that new devices perform more functions, faster—and people, as a result, want them. »
Replacement Therapy by Rob Walker – ATLANTIC MAGAZINE, septembre 2011
Selon les statistiques citées par Walker, seuls 18% des téléphones abandonnés sont hors d’usage. Le reste (82% !) est parfaitement fonctionnel mais délaissé au profit de modèles plus récents. Et l’auteur d’enfoncer le clou:
« Imagine, by contrast, that tomorrow some company unveiled a cell phone guaranteed to last for 20 years. Who would genuinely want it? »
Replacement Therapy by Rob Walker – ATLANTIC MAGAZINE, septembre 2011
Ce qui se traduit à peu près par « Imaginez, par contraste, que demain une compagnie propose un téléphone portable garanti pour une durée de 20 ans. Qui voudrait véritablement l’acheter ? »
Bonne question, n’est-ce pas ? La conclusion de son article est sans appel: Les responsables de l’obsolescence ce sont les consommateurs.
« Obsolescence isn’t something companies are forcing on us. It’s progress, and it’s something we pretty much demand. As usual, the market gives us exactly what we want. »
Replacement Therapy By ROB WALKER – ATLANTIC MAGAZINE, septembre 2011

Effets de bord
Seulement voilà, lorsque le consommateur espère que son gadget rende l’âme pour lui permettre de le remplacer en toute bonne fois, il arrive que ledit gadget fasse de la résistance, le bougre. Un iPhone 3G qui refuse de crever ? Qu’à cela ne tienne, on va l’aider un peu et le laisser « accidentellement » tomber dans l’eau.
Et ce genre de « malheurs » semble étrangement se multiplier lors de la sortie de chaque nouveau modèle d’iPhone, si l’on en croit l’assureur Allianz, cité dans un article de Largeur.com
« […] le lancement d’un nouveau modèle du smartphone d’Apple a engendré une hausse de 20% des déclarations de sinistres, communiquait en octobre dernier l’assureur Allianz. »
Désir de mort du gadget et obsolescence programmée par Geneviève Grimm-Gobat, largeur.com
Etrange, non ?
Toute résistance est futile
Seulement voilà, avant de couvrir votre tête de cendres en signe de pénitence pour votre désir coupable de voir mourir vos « vieux » gadgets, sachez que vous n’en êtes pas vraiment responsables. Non, ce désir compulsif de posséder la dernière nouveauté semble être une véritable addiction comme en atteste un article publié sur Techpatio.com:
« This addiction is not to the gadget itself or even to its one or two attendant applications, but rather it’s an addiction to having the newest, latest gadget. It’s a consumer addiction that is becoming so much more apparent now that computing becomes faster and cheaper with every successive year. »
Planned Obsolescence: How the Industry Causes Tech Gadget Addiction by Raine Parker
L’obsolescence programmée par l’industrie serait responsable de notre addiction aux nouveaux gadgets, qui serait elle-même la source de notre désir de mort des vieux gadgets, qui serait lui-même la source de l’obsolescence programmée… voilà un système auto alimenté qui a de l’avenir.
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