iWatch the future


Depuis quelques temps, le Web bruisse de murmures concernant une hypothétique-éventuelle-future iWatch avec laquelle Apple serait sur le point de révolutionner le monde de l’horlogerie.

This is a revolution (ou pas)

Si vous le voulez-bien, nous passerons comme une savonnette sur une toile cirée sur la capacité de la firme à la Pomme à révolutionner un secteur de l’activité humaine vieux de 11 siècles (et qui a, de plus, connu plusieurs révolutions technologiques majeures). L’horlogerie n’est pas la téléphonie mobile ni l’informatique. C’est une industrie hautement segmentée (montres mécaniques, automatiques, à quartz), avec des marques de luxe fabricant des produits porteurs de valeurs allant bien au-delà de la fonction première des objets qu’elles produisent. En fait, penser qu’une iWatch changera à jamais l’industrie horlogère revient à penser que Renault lançant sa Logan a fait de l’ombre à Ferrari, BMW et Aston Martin.

En réalité, Apple pourrait plutôt (re)définir un segment bien précis, celui des montres « intelligentes » (smartwatches en bon français). Ce segment, à l’image de ceux qu’Apple a su modeler et capturer dans d’autres domaines, est à peu près dans l’état où se trouvait les baladeurs numériques à l’arrivée de l’iPod ou celui des smartphones lors de l’annonce de l’iPhone. Des produits imparfaits existent (Pebble, Sony SmartWatch, I’m Watch, MetaWatch et j’en passe) et des usages se dessinent, mais la fusion des deux en y ajoutant une « expérience utilisateur » innovante reste encore largement à faire.

La recette Apple

Une fois posé ce constat, il est légitime de se demander comment Apple va s’y prendre pour mettre le zouc dans le petit monde bien propret des smartwatches. Et bien je vous parie 2 barils de Le Chat Machine contre un d’OMO qu’elle va appliqué la recette éprouvée avec ses autres iMachins:

(Produits existantsinterfaces pourris)
+
technologies existantes mais non appliquées dans ce secteur
=
Eureka

En gros, on regarde ce que les produits existants font (mal), on fait son petit marché dans les technologies de pointes, on mélange en secouant avec doigté et on recouvre le tout d’une jolie couche de design et d’ergonomie. Et en matière de technologies de pointe, Apple n’a qu’à se servir dans son portefeuille de brevets bien garnis.

« And boy have we patented it »

Vous croyez que je sors tout cela de mon esprit tordu ?

Et bien détrompez-vous car Apple y a pensé depuis bien longtemps. En fait, la firme à la Pomme a tellement bien fait les choses qu’elle mentionne régulièrement les montres comme champs d’application de ses technologies brevetées, et cela depuis 1997 !

Du coup, elle dispose de plus de 200 brevets (203 pour être précis comme une montre suisse) dont les montres sont une application déclarée.

iWatchPatentsA titre de comparaison, le portefeuille de brevets mentionnant les montres comme application des principaux concurrents (actuels) d’Apple est de 268 pour Sony, de 203 pour Samsung et de 30 pour Google. Un rapport de force plutôt équilibré, donc.

Let the show begin

La surprise du chef

Mais que peut bien nous réserver Apple sur ce coup là ? Une interaction poussée avec ses iDevices semble évidente (voire même une version dédiée d’iOS), de même qu’un écran tactile (une dimension qu’elle a déjà explorée dans les anciens iPod nano).

La surprise du chef pourrait bien venir du brevet US 6359550 déposé par Nortel Networks Corporation (Canada) en 1999 et racheté par Apple le 25 juillet 2012.

Bulletin de naissance et avis de mariage

Extrait du registre Inpadoc permettant de tracer la « vie juridique » d’un brevet.

Ce document portant le titre « Personal communication device and call process status signalling method« , protège l’utilisation de messages tactiles pour informer l’utilisateur d’événements particuliers. En résumé, il s’agit d’intégrer une interface haptique dans une montre, non pas dessus (écran) mais dessous !

Une matrice de stimulateurs est associée à un dispositif de communications personnel pour fournir à l’utilisateur des messages tactiles sur le traitement d’appel ou l’état du réseau de communication.

La matrice est positionnée sur le dispositif de manière à être en contact avec l’utilisateur pendant que le terminal est transporté ou porté sur un poignet, par exemple.

Les stimulateurs de la matrice, sont activés de manière indépendante de façon à fournir à l’utilisateur un message codé de processus d’appels tels que l’alerte, la tonalité, le signal occupé, etc

De préférence, chaque état est associé à une configuration unique de fonctionnement des stimulateurs, reconnaissable par l’utilisateur comme image tactile.

Idéalement, des signaux audios et haptiques sont synchronisés pour fournir un signal tactile à l’utilisateur qu’un signal audio est imminent, et de ce fait permettre d’utiliser le signal audio à un niveau inférieur.

Ainsi, le seuil audio pour la signalisation efficace est réduite et la nuisance de signalisation audio dans les lieux publics peut être réduite.

Traduction libre du résumé du brevet EP 0866592 (équivalent européen), googletranslatée par mes soins.

En résumé, la face de la montre en contact avec la peau est munie de « stimulateurs » (n°14 sur les schémas ci-dessous, très subtilement mis en rouge).

HapticLes dits stimulateurs peuvent également être disposés sur le bracelet.

Haptic2Ensuite, par exemple lors que l’on reçoit un appel, avant de déclencher la sonnerie, l’interface haptique va activer les stimulateurs d’une certaine manière qui soit reconnaissable par l’utilisateur. Dans l’exemple ci-dessous, les stimulateurs 1 à 4 de la figure 1 entrent en action l’un après l’autre: Première sonnerie, le stimulateur n°1 s’active. Seconde sonnerie, le n°1 est rejoint par le 2, et ainsi que suite jusqu’à ce que tous les stimulateurs soient activés.

Driiiing

Autant vous le dire tout de suite, cette idée est géniale. Je l’expérimente déjà à un niveau basic avec ma Pebble: mon iPhone est sur silence depuis un mois, ma Pebble vibre gentiment à mon poignet lors de l’arrivée d’un appel et je ne manque plus aucune communication.

Génial, je vous dis. Et là, le brevet acheté par Apple va permettre un nombre beaucoup plus important d’interactions avec sa smartwatch / son iPhone car le nombre de « patterns » tactiles sera beaucoup plus important (et subtile).

Finalement, c’est comme si votre iPhone vous tapotera discrètement sur le bras pour attirer votre attention plutôt que de siffler aux oreilles de tout le monde.

La voilà la « killer feature » de la future iWatch. Mais elle sort quand ?

À propos MacBrains
David Borel Responsable Marketing dans une société spécialisée en Veille technologique, j’ai fatalement succombé au charme des produits Apple il y a plus de 10 ans. Cela m’a conduit à fonder MacBrains.info afin de partager cette passion mais aussi de parler de technologie, d’information, de design, de photo et de cinéma. > Pour en savoir plus

6 Responses to iWatch the future

  1. Cupertino à la une says:

    « En fait, penser qu’une iWatch changera à jamais l’industrie horlogère revient à penser que Renault lançant sa Logan a fait de l’ombre à Ferrari, BMW et Aston Martin ».

    Objection votre honneur : comme vous le rappelez si bien, le segment des montres connectées est comparable à celui des baladeurs avant l’arrivée de l’iPod. Si l’iWatch arrive à se positionner comme « the next big thing » et connait un succès fulgurant, Apple pourrait bien révolutionner tout le marché de l’industrie horlogère. Souvenez-vous qu’avant l’arrivée de l’iPhone en 2007, les ventes de smartphones n’étaient cantonnées qu’au marché professionnel, et la Pomme a réussi à en faire un marché grand public. On peut donc légitimement penser que l’iWatch va donner un bon coup de fouet au marché des montres connectée dont les ventes vont dépasser celles des montres classiques. Celles à quartz ou mécaniques deviendront une sorte de marché de niche réservé aux collectionneurs ou autres passionnés. Les grands noms de l’horlogerie ont du souci à se faire. Il y a toute une nouvelle génération qui arrive et qui ne demande qu’à être dotée de montre connectée. La clientèle des montres traditionnelles commence à se faire vielle. Tout ça pour dire que je pense réellement que l’iWatch peut changer à jamais cette industrie. Qui écoute encore sa musique sur un CD traditionnel ? Qui l’achète encore sur un support physique ? Pourtant personne ne croyait que le format MP3 ou WMA allait s’imposer…

    • MacBrains says:

      Objection entendue.

      En fait, ce que j’ai voulu dire va dans ton sens. Apple va certainement faire le hold-up sur le segment des montres connectées. Mais celui des montres de luxe ne sera pas touché car ce n’est pas l’affichage de l’heure qui en fait la valeur.

      Apporter une nouvelle technologie ne va pas changer la donne. Les montres haut de gamme ne sont pas achetées pour leur précision (le quartz fait infiniment mieux) mais pour l’image qu’elles véhiculent. C’est un peu comme si rouler dans une machine à vapeur conférait du prestige. La sortie d’une voiture électrique n’y changera rien.

      Seulement voilà, les marges phénoménales dégagées par l’industrie horlogère sont effectuées majoritairement dans le haut de gamme mécanique. Un apport technologique type iWatch ne changera pas la donne.

      En revanche, là où tu touches juste, c’est sur le fait que les grandes marques commence à s’intéresser à la connexion de leur produits aux téléphones.

  2. Cupertino à la une says:

    Effectivement, je n’avais pas en tête que les plus grosses marges étaient effectuées sur le haut de gamme mécanique. C’est vrai que là, Apple ne pourra rien faire. Du coup, c’est les marques de milieu et bas de gamme qui risquent de morfler !

    Dans tous les cas, très bon billet et très bonne analyse !

    @cupertinoalaune

  3. lenterree says:

    Ah enfin de une nouvelle sur les brevets ! Analyse toujours aussi pertinente et pragmatique.
    Moi qui pensais que l’iwatch n’était qu’un écran de fumée. Eh bien peut être pas tant que ça finalement…

    ma taré

    • MacBrains says:

      Et oui, quand il y a matière on parle de brevets 😉

      Je ne serais pas étonné de voir apparaitre un iWatch en réalité. La tendance au « wearable computer » est une évolution logique du marché et Apple n’y coupera pas.

  4. Ping: iWatch, Apple è in possesso di oltre 200 brevetti specifici - macitynet.it

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