Je suis une légende
07/02/2011 6 commentaires
Par David Borel
Si je vous dis « Je suis une légende » il y a fort à parier que cela vous évoque un film récent dans lequel Will Smith survit à une épidémie de zombies, roule à fonds la caisse dans un New-York dépeuplé et sauve le monde avant de finir *spoiler alert on* en casse-croute de luxe pour zombies affamés (j’ai pas raconté la fin, là. Si ? oups) *spoiler alert off*. Ou alors vous penserez que je suis devenu mégalomane ce qui, j’en convient, n’est pas loin de la réalité.
Et bien, chers amis nourrit au pop-corn « made in Hollywood » (ne soyez pas offensés, j’en fait aussi partie), apprenez que « Je suis une légende » est le titre d’un superbe roman écrit en 1954 par l’américain Richard Matheson (aussi connu pour « l’Homme qui rétrécit ») et que j’ai découvert par hasard au détours d’un étalage de librairie (figurez-vous que je suis atteint d’une maladie rare m’empêchant de ressortir d’une librairie sans acheter un bouquin).
Le livre se situe à Los Angeles, entre janvier 1976 et janvier 1979, et raconte la survie de Robert Neville, dernier homme vivant sur terre suite à une pandémie ayant transformé toutes l’humanité en vampires.
Comme dans bien des oeuvres de « science-fiction », l’auteur use de son scénario pour évoquer les craintes de son temps. En 1954, aux USA, ces préoccupations s’appelaient URSS, guerre froide et maccarthysme et cela transparait dans le roman. Au prise avec des vampires, Robert Neville commence par combattre ces « autres » qu’il ne comprend pas, cherche ensuite à les décrypter avant un twist final qui fait prendre tout son sens au titre.
L’on est bien loin de la simplicité de l’adaptation cinématographique de 2007 dans laquelle le héros est un militaire (…) qui vit à New-York, trucide des zombies (plus à la mode que les vampires, de nos jours) et, comme il se doit, sauve le monde. Là où le film est lisse et cousu de fils blancs, le roman est rugueux et explore l’âme humaine. Il y est question de solitude, d’espoir et de confiance, des thèmes universels et indémodables. Matheson se paie même le luxe de trouver un fondement scientifique à l’existence des vampires ainsi qu’aux moyens traditionnels de s’en débarrasser (les pieux, l’ail, l’eau, les crucifix et les miroirs).
Profond et prenant, je ne saurais que trop vous conseiller la lecture de ce bouquin, même (surtout) si vous n’avez pas aimé le film.
Pour un vieux fan de SF comme moi, le titre m’a fait d’abord penser au bouquin, « dont auquel » tu fais l’article…
Le film est comme trop souvent 100% ricain : vedette bien connue, scénario au raz de bitume, bastons et poursuites à gogo, ou plutôt pour gogos, humour à la Bush ou à la Schwarzi, et un grande fin type mélo.
Non, non je ne vais pas non plus le dire que Will Chose se … 😉
Bon livre, grand Matheson, avec les autres de A comme Asimov à Z comme Van Vogt, euh non Zelany…
Très bon article, qui remet vigoureusement l’église au milieu du village!
Le film souffre d’un scénar lisse qui passe complétement à côté de l’esprit du roman de Matheson et aussi du scénario hardcore de Mark Protosevich finalement réécrit par Akiva Goldman. Si jamais, la présence de ce type (qui a aussi écrit Batman et Robin et I Robot) au générique d’un film est un bon indicateur de sa médiocrité.
Un article épatant de Rafik Djoumi explique les gigantesques différences qui existent entre le roman et le film finalement tourné. C’est ici: http://rafik.blog.toutlecine.com/1499/Je-fus-une-legende/
Je ne peux que valider.
Dans le même registre on retrouve Babylon Babies de Dantec qui ne ressemble en rien à la bouse pondue par kassovitz
Revoir (à l’occasion) Le Survivant film de Boris Sagal avec Charlton Heston, adaptation du même bouquin qui m’a terrifié quand j’étais gamin…
Oh boy, à vous lire j’ai la nette impression d’être le dernier a avoir lu ce livre… Enfin, mieux vaut tard que jamais, hein 😉
Il y a aussi l’adaptation de 1964 : The Last Man on Earth. Bien plus intéressante et bien moins manichéenne que la version avec W. Smith. Je rajoute le bouquin à mon (longue) liste de livres à lire.